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Edwood
13 juin 2008

Halp

Tiens, Zut, j'ai oublié d'écrire hier. A croire que cette journée a été fabuleusement géniale et que je n'ai pas eu un instant à moi.

Nous sommes Vendredi 13 donc. Il m'en est arrivé des choses, un Vendredi 13. Ce jour est très surfait, parce qu'après tout pas besoin qu'il soit précisément là pour bénéficier de malchance, elle est offerte gracieusement tous les autres jours de l'année. Mais malgré ça, je crois que celui qui restera le plus dans ma mémoire remonte au Lycée. J'étais sorti avec un pote entre midi et deux pour aller manger un truc, et là, au beau milieu de la rue, un seau d'eau m'était tombé sur la tête. J'avais levé les yeux au ciel, il n'y avait rien, personne aux balcons, tout volets fermés. Je n'avais pas compris. Cette anecdote est véridique.

Ca faisait deux jours que je n'avais pas bougé de chez moi. Je traverse une sale période, et franchement, vivement qu'elle soit terminée. Hier, un message de ma formatrice dans l'après-midi m'a ramené à la réalité. "Je compte sur toi demain matin". On ne devrait jamais compter sur moi, mais pourtant j'ai joué le jeu. Endormi vers 3h après une déprime comme je n'en avais point connu depuis 5 ans, je me suis levé à 8h30. Pas de quoi être ponctuel, mais au moins la volonté y était.

Debout après cette courte nuit, j'ai retrouvé la douce saveur de la fatigue et de la souffrance en m'extirpant péniblement de mes draps. Oui, ces matins où l'eau de la douche vous brûle même à faible température, où le simple fait de se sécher avec sa serviette fait mal, où le soleil semble provoquer des lacérations cutanées. On se regarde en pleurant dans un miroir avant de sortir, et on se rend compte qu'on a des valises sous les yeux, pour partir un an au moins. Vous savez, vous êtes probablement déjà allé au lycée.

C'est donc dans cet état d'esprit de fête que je me suis lancé dans les rues de la ville qu'on nomme "La belle endormie", au moins autant que moi. Je vois un tram partir devant moi, jusque là rien d'anormal. J'attends le suivant, le prend, et j'arrive aux arrêts de bus du Palais de Justice (c'est pour récupérer des Googleurs bordelais). Là, fait étonnant, aucun bus ne se trouve à l'arrêt. Ca ne m'était encore jamais arrivé. Je patiente donc une petite demi-heure, sous le soleil de plomb qui me terrasse. Sur le coup, je regrette de ne pas avoir une sorte de haillon à la Eléphant Man pour me couvrir le visage et m'en retourner dans les égouts en hurlant. Mais je n'ai pas tel accessoire, et subis donc ce qui me produira probablement à terme de multiples cancers de la peau.
Finalement, un bus arrive, je monte dedans, mais le chauffeur semble bien décidé à prendre sa pause, et il descend donc pendant 15 minutes fumer une ou plusieurs cigarettes. J'aime vraiment les chauffeurs de bus de Bordeaux, ils mériteraient un livre en leur honneur.

Au moment de démarrer, mes spidersens ne peuvent s'empêcher de remarquer une présence malfaisante dans les alentours. Je fais un bref état des lieux du regard, mes yeux croisent un journal posé sur un siège, sur lequel il est inscrit "VENDREDI 13 !" en lettres capitales. Je n'étais pas au courant. J'ai compris, il s'agit d'un guet-apens. Ma vue s'arrête sur 2 jeunes hommes portant un badge qui s'étaient jusque là fait bien discrets. Des contrôleurs ? Non, ça ne serait pas assez agaçant, vu que j'ai une carte et que je suis donc dans la légalité. Il s'agit en fait d'"Enquêteurs" de la CUB, je n'en avais encore jamais vu, une espèce rare à mi chemin entre autorité et sondeur de rue. Lisant la peur sur mon visage comme doit le faire un Lion face à un lapereau, l'un d'eux s'approche de moi et vient s'asseoir à proximité. J'essaie de manifester tout l'inintérêt possible, les écouteurs solidement ancrés sur mes oreilles et le regard fuyant vers la rue, mais c'est un professionnel, et il vient se placer devant moi en me faisant signe.
Je joue la surprise mélangée à l'irritation mais c'est peine perdue. J'ose tout de même lui demander si ça sera long et douloureux, il me répond que non. Et me voilà donc parti pour 15 minutes de questions. Je suis complètement crevé, je m'embrouille dans le nom des arrêts et des lignes que j'utilise, mentant à plusieurs moments pour m'en sortir car je ne m'en souviens pas. Il s'en rend bien compte vu que ce que je dis ne tient pas la route et qu'il a un plan du réseau sous les yeux, mais je crois qu'il a préféré lui aussi abréger et faire mine de ne pas savoir.

Arrivé à l'AFPA vers 10h, je croise ma formatrice, qui doit certainement déceler dans mon allure une once de défaitisme et d'envies suicidaires, et me demande si ça va, etc. Après un bref échange, elle se montre extrêmement sympathique et me dit de la suivre, m'expliquant qu'elle a créé de fausses fiches d'excuses pour mes absences, que c'est pas grave, etc. Etonnant.

N'ayant rien mangé ou bu, je décide d'aller prendre un café ou un stimulant quelconque au distributeur situé dans un autre bâtiment. Je vois des gens en train de boire le leur devant l'entrée, je m'approche de la machine, mais elle ne marche pas. J'ai beau essayer 20 fois, rien n'y fait. "ALERT 13. Gobelets", me dit-elle. Une généreuse jeune femme vient m'expliquer qu'elle ne fonctionne plus depuis 10 minutes environ.

Fin de matinée, accablé par l'ennui je sors de là pour emprunter le bus afin de rentrer chez moi. Evidemment, ceux des 2 lignes différentes viennent juste de passer. Je sens l'agacement commencer à s'emparer de moi et me place donc dans une situation plus ou moins confortable afin de de patienter une demi-heure.
Un homme s'approche de moi, commence à me poser une ou deux questions sur les Bus. Je lui sens la fibre bavarde, comme celle qu'on peut trouver en général chez les personnes âgées en quête d'un compagnon d'infortune lambda à qui raconter toute sa vie. Laissez moi vous dire que ça n'a pas manqué, j'ai TOUT sû de ce qui lui était arrivé ces dernières années, son emploi de gardien de sécurité, ses horaires de nuit, le fait que sa femme l'avait quittée, son point de vue sur les jeunes délinquants, de ce qu'il faisait précisément à cet arrêt de bus à ce moment là, au jour de sa naissance.

Mon bus arrive après une éternité en sa compagnie, je monte dedans. Je vais m'installer au fond. Je laisse échapper un rire en voyant exactement le même enquêteur de la CUB que le matin s'approcher de moi. Quelles étaient les chances, honnêtement ? Il me reconnaît et sourit aussi, j'imagine qu'il va me laisser tranquille, mais il me demande quand même si je peux faire une autre enquête. Bon joueur, j'ai accepté, connaissant déjà les questions et les mensonges que je lui avais fourni plus tôt, j'ai bouclé ça en 15 secondes.

Il fait beau, je suis maintenant bien réveillé, pourquoi ne pas marcher un peu jusqu'à chez moi ? Je descends à la Victoire et commence à monter la rue Ste Catherine. Je m'arrête un instant pour observer un article dans un étalage de Dvd, je me retourne pour reprendre ma marche, et c'est là que je me rends compte qu'il fait nuit. Le temps s'est transformé en l'espace de 30 secondes, j'aurais dû écouter plus attentivement mon ami le gardien de sécurité qui m'avait prévenu qu'il allait pleuvoir dans la journée.
Je suis rentré chez moi sous la pluie. Quelques minutes après avoir rejoint mon appartement il faisait beau.

Ce n'est pas un Vendredi 13, c'est comme ça que se passent toutes mes journées.

 

 

 

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Commentaires
D
Enfin un commentaire, je n'osais plus espérer.<br /> <br /> En fait, c'était juste la matinée ça. J'ai fait un peu comme toi le reste de la journée, même si ça n'a pas changé grand chose.<br /> <br /> Faut vraiment que j'écrive des trucs plus joyeux. Prochaine note, j'hésite entre lettre de suicide et anecdote sur un restaurant chinois. Tu n'as qu'à décider, toi mon unique et chère commentatrice.
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F
wow. toute une journée.<br /> Moi j'ai pas prit de chances, après le boulot je suis rentrée tout droit chez moi et je ne suis pas ressortie...hehe.
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