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Edwood
2 avril 2004

Les requins tueurs, ou l'essence même de la cinématographie

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Comment ?


Oui, comment ne pas avoir pensé plus tôt à écrire un article sur "l'attaque des requins tueurs", ce film que j'ai tant aimé, lors de sa diffusion sur m6 il y a de cela plusieurs années ?

Un éloge est nécessaire. Mais laissez-moi plutôt vous en conter l'histoire, qui n'a rien à envier aux pitoyables plagiats qui ont pu en être fait, Spielberg, ce grand voleur, le premier.


Histoire :


L'action se passe dans une cité balnéaire, un très méchant tenancier de parc aquatique a comme embauché un très musclé ami des bêtes. Ce dernier passe la plupart de son temps à vérifier que les poissons et autres animaux sont en bonne santé, qu'ils ne risquent rien, l'occasion de quelques brasses coulés laissant saillir de brillants biceps. Parallèlement à cela, un jeune couple se baigne dans la mer, en pleine nuit, tout est normal. Tout à coup, quelque chose happe le pied d'un des deux jeunes tourtereaux. Mais qu'est-ce donc ?! Grâce à une remarquable mise en scène favorisant le suspens, on en vient à douter : Et si, contrairement à ce que laissait attendre le titre du film, il s'agissait en fait d'un poulpe géant, d'un hippocampe vénéneux, ou encore d'un glouton mérou ? Nous n'en saurons rien pour l'instant -car c'est là je le répète le génie du film : le suspens-, en tout cas la personne est retrouvée broyée sur le sable luisant de la plage, au milieu des algues et autres crevettes sauteuses.

Le lendemain, nous faisons la connaissance d'un nouveau charismatique personnage, une jeune écologiste, qui elle, a déjà tout compris. Il s'agit en fait d'un requin mangeur d'hommes, seulement voilà, les marques de dents sont plus grandes que celles des requins blancs habituels, ou autres squales, et tout le monde se met donc à douter. La bave aux commissures des lèvres, le méchant tenancier du parc désire déjà capturer la bête pour en faire sa plus grande attraction, son embauché body-builder quant à lui n'ose pas donner son avis de peur d'être congédié, mais on sent à sa frimousse expressive d'acteur de films muets qu'il n'est pas vraiment d'accord.

La capture commence, des employés partent en mer, et là, au bout de quand même 10 min de film, le réalisateur nous laisse enfin admirer l'animal assoiffé de sang tant redouté. On passera les détails tels que son allure cartonnée, ses yeux ressemblant à des boutons de chemise, ou encore sa façon de nager sans bouger les nageoires. Soyons tolérants, tout le monde n'a pas le budget de ce voleur de Spielberg. Après quelques coups de harpons rebondissants sur la bête (oui, en fait sa texture se rapprochait plus d'une bouée de sauvetage, donc le harpon ne pouvait pénétrer la chair), ils parviennent à l'attraper, non sans qu'elle ait dévoré sauvagement un des membres de l'équipage, dans une magnifique scène filmée au ralentit, nous laissant entrevoir avec frissons la mâchoire gargantuesque maculée de sang.

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Une fois captive, la bête nage dans son grand bassin (toujours sans remuer les nageoires), relié directement à la mer, séparé par un simple filet. Sûrement pour son oxygénation.
L'écolo aux gros seins débarque dans le parc, furibonde, elle demande à rencontrer le directeur. Celui ci lui explique que ce requin représente moult liasses de billets verts, et que donc il ne l'écoutera pas, car il aime l'argent. Elle s'en retourne donc vers le body builder (ils ne se connaissent pas encore, je rappelle), celui ci lui explique qu'ils ne peuvent pas faire grand chose, ce à quoi l'écolo lui répond "oh, j'aurais jamais pensé ça de toi.". Oui, bon, là on se demande pourquoi cette réplique tout droit tirée de Beverly Hills... Je pense simplement que de vils producteurs assoiffés d'argent ont fait couper les scènes préalables et nécessaires où on voyait les deux personnages se rencontrer, puis courir et rire le long de la plage avec allégresse, scènes qui étaient censées construire une relation complexe entre eux aux yeux du spectateur avant d'en arriver à ce stade de l'histoire. Oui, c'est certainement ça.

 

 

Tout à coup, catastrophe ! Le requin, doté d'une super intelligence, attire la personne qui devait le nourrir dans l'eau, et le dévore, du moins c'est ce que laisse penser le nuage de sang qui remonte à la surface, remarquons à nouveau l'art de la suggestion dont fait part le metteur en scène. L'animal einsteinien se dirige ensuite vers le filet à toute vitesse, tout le monde hurle, il risque de s'échapper en le perforant... le body builder court le long de la corniche tel un David Hasselhoff, et lance un harpon pour le retenir, celui ci une nouvelle fois rebondit sur l'animal caoutchouteux, c'est normal, lui ne savait pas qu'il était fait de la même matière que les bouées de sauvetage... il s'échappe, dans une nage gracieuse en surface (la moitié du corps du requin est hors de l'eau, pour qu'on puisse bien comprendre que c'est de lui qu'il s'agit), ressemblant à un sous marin tout lisse.

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La suite est exceptionnelle, mais je me suis déjà trop attardé sur ce début génial... je vous en laisse la surprise. Sachez simplement que le body builder et l'écolo surmamairisée survivront, que le méchant directeur du parc mourra dévoré par le requin, et qu'un formidable duel en mer aura lieu.

 


Pourquoi est-ce que je parle de tout ça ? Tout simplement car hier soir, la suite a été diffusée : "Megalodon : Le retour des requins tueurs". Toujours sur m6, que nous pouvons remercier. Toujours plus exceptionnel, le scénario est plus complexe cette fois ci tout de même, puisqu'il s'agit en fait du retour d'un requin géant dont on croyait la race éteinte depuis des millions d'années : le megalodon.

Au menu :

- Personnages en scooter des mers qui foncent droit dans la bouche du requin en croyant s'échapper

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- Requin gigantesque qui avale un bateau entier d'une simple bouchée

- Plusieurs plans récurrents par manque de budget, montrant un vrai requin cette fois, qui nage. Un zoom est effectuée pour lui donner l'air plus gros (la même scène est diffusée plusieurs fois, si vous ne voyez pas de quoi je parle)


- Toujours un suspens haletant, une fille avec des gros seins, un garde-côte body builder, et beaucoup plus de figurants dévorés, tombant des bateaux comme dans "titanic".


Observons quand même avec dédain la critique de "TV-hebdo", qui n'a rien compris au film : "ce qui dérange le plus dans cette série Z, ce sont les ricanements agaçants des personnages". On voit qu'ils n'écrivent pas dans "Les cahiers du cinéma".


Edwood, comblé.

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