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Edwood
22 février 2010

J'irai loler sur vos tombes



"Avec le temps va, tout s'en va" ... "On s'était dit rendez vous dans 10 ans" ... "Il est venu le temps des cathédraaaales".

Oui, comme l'ont dit ces grands chanteurs, de l'eau coule sous les ponts, et plus particulièrement sous le mien. J'ai récemment fait [âge manquant] ans. Enfin, "récemment", c'était en décembre dernier, mais vu la fréquence à laquelle je poste on va dire que c'est récent. Je ne vais pas vous le cacher, ce fût un choc pour moi. Tout d'abord, je n'ai pas réalisé, car je ne me souvenais plus de mon âge. En effet, ces dernières années j'ai tendance à oublier quel âge j'ai. Ainsi quand on me posait la question, après avoir un instant essayé de me remémorer l'information et voyant que je ne la tenais pas, je répondais une valeur approximative. C'était surtout histoire de faire bonne figure, les gens qui ne connaissent pas leur âge ne sont en général pas les plus abordables. Mais en décembre dernier, le jour fatidique, cette vérité m'est tombée dessus comme une brique branlante tombe sur le visage d'un passant dans la rue. J'avais bel et bien [âge manquant] ans, ce n'était plus une approximation. Si proche de la mort, si âgé que j'en ai été surpris.

Etant donné que la majorité de mon lectorat est de toute jeunesse, il faut que je vous informe du fait que l'âge ne cause pas toujours de tels troubles de la mémoire. N'ayez crainte, à [âge manquant] ans, vous n'aurez probablement pas encore perdu vos capacités cérébrales comme cela semble m'être arrivé. Non, c'est juste moi. Il y a une sorte de vide spatio-temportel entre le moment où je répondais "20 ans", et maintenant, où j'hésite face à la question. Et la raison en est simple : je n'ai quasiment rien fait de ma vie au cours de ce laps de temps. Il me semble qu'à 20 ans, j'étais encore ce bon bougre plein d'espoir, fraichement entré à la fac et me délectant des premières joies de la liberté, me disant que je finirais probablement cinéaste, écrivain, journaliste ou Président des Etats Unis. Force est de constater que ma vie n'a pas tenu ses promesses, et que le temps a passé. Je ne suis pas metteur en scène, et ne suis président de rien. Un coup de vieux quoi.

Enfin je ne veux pas vous déprimer. Un grand âge signifie également une grande histoire, et aujourd'hui ce n'est pas la sagesse qui me manque, mes petiots. Ce matin, me saisissant de ma canne afin de pouvoir me déplacer jusqu'à la salle de bain pour nettoyer mes incontinences, je réfléchissais à quelle histoire je pourrais bien narrer sur mon Blog afin d'entretenir mon maigre public. Et lissant de mes doigts ridés ma blanche et soyeuse barbe dans le miroir, j'ai vu les années défiler en arrière, mes sourcils poivre et sel ont disparu, laissant place à la belle toison d'antan qu'un Emmanuel Chain ne renierait pas. J'ai essayé de faire le bilan de tous ces échecs amoureux de ma jeunesse qui m'ont fait vieillir prématurément. Je me suis alors souvenu de quelques anecdotes, ce genre d'instants humiliants qu'on aimerait effacer totalement de son esprit afin d'être bien certain de ne plus jamais se les remémorer.


Je me souviens de ma première "petite amie". J'étais à l'école primaire, c'était l'époque où mon seul souci était de savoir si je gagnerais le duel de billes à la récré. Oui, à cet âge là, nous les hommes ne savons même pas que les femmes existent, et ça doit probablement nous donner un charme mystérieux, vu que ça vous attire, vous, les femmes. Je m'apprêtais à mettre en jeu mon plus beau calot, une grosse bille à moitié nacrée et étincelante, quand tout à coup une jeune fille de ma classe vint m'aborder. Timidement, elle m'avait annoncé que son amie Caroline était amoureuse de moi, et voulait savoir ce que j'en pensais. J'avais dû répondre quelque chose comme "Ah, ok.", puis m'étais totalement désintéressé de l'affaire afin de reprendre le combat de billes bien plus attractif à mes yeux. Mais les propos avaient dû être déformés lors du retour, car la Caroline en question avait cru que j'étais intéressé, voire même que je savais ce que ça signifiait d'avoir une copine.
Le lendemain, à la fin des cours, elle m'avait fait apporter un petit mot par une de ses interprètes, me disant qu'elle était contente que j'accepte, ou un truc du genre. Je ne saisissais pas vraiment ce dont il s'agissait, à mes yeux ça ne signifait rien, je pensais juste qu'elle m'aimait bien. Oui j'étais vraiment très naïf à cet âge là. Finalement, un autre jour, elle avait osé venir m'aborder d'elle même. Elle avait l'air heureuse de pouvoir penser que nous étions ensemble. Moi je n'avais rien de spécial à en dire, je me contentais d'acquiescer, et de lui tenir la main vu que c'est apparemment ce qu'elle souhaitait.
C'est ainsi que la situation se stabilisa pendant quelques temps. Nous discutions ensemble parfois, nous tenions la main régulièrement, nous "étions ensemble", et rien de plus. J'avais une petite amie. Cela étant dit, j'étais surtout pressé de rejoindre mes tournois de billes.

Mais bien vite je compris que quelque chose se tramait dans mon dos. Je sentais le regard de ses amies sur moi, les discussions enflammées me concernant quand elles étaient en groupe, un évènement se préparait. Quelque chose d'inquiétant.

Quelques jours avant la fin de l'année de CM2, avant de quitter l'enfance pour prendre la route du collège, enfin, une des colporteuses d'information se présenta à moi, avec cette fois-ci une requête toute différente à me proposer. Elle voulait savoir si j'étais d'accord pour que Caroline m'embrasse.
Oui, c'est mignon, en effet, mais je vous rappelle que j'étais alors totalement inexpérimenté et ça m'avait pour ainsi dire pris au dépourvu. Ce fut un choc, et la demoiselle attendait ma réponse dans l'instant en m'observant d'un oeil fébrile. En clair, je me sentais pris au piège. Embrasser une fille ne me semblait pas du tout quelque chose d'attirant ou d'espéré, bien au contraire, je n'y avais jamais pensé, et je n'étais pas prêt. La peur m'envahit. Cherchant un échappatoire sans en trouver, essayant de me débarrasser de cette situation gênante, je crois que je répondis à peu de choses près quelque chose de ce genre : "L'embrasser ? C'est dégueulasse ! Et ça donne des maladies.". L'amie me regarda avec des yeux ronds, et je ne sais pas de quelle façon ma réponse fut retransmise, mais c'est sur ces quelques mots que ma première copine me quitta. Une des jeunes filles était revenue me dire que Caroline était très déçue, et pour tout vous avouer, j'avais de mon côté été soulagé qu'elle lâche l'affaire, je n'avais pas cherché à me justifier, sans me rendre compte du ridicule dont je m'étais couvert.
Je n'ose imaginer la déception qu'elle avait en effet ressenti. Elle devait espérer ce moment depuis des mois, en parler avec ses camarades, nous imaginant nous embrassant langoureusement, et avait eu j'imagine pour tout retour qu'elle était repoussante et / ou malade.

C'est donc comme cela que ma vie amoureuse commença. Ce qui n'augurait rien de bon pour les années qui suivraient.

Mais sautons les années, je me souviens également d'un épisode gênant avec cette fois-ci mon premier amour. Elle s'appelait Caroline également.
J'avais 18 ans, et j'avais enfin rencontré une fille dont je me sentais amoureux. Elle me plaisait beaucoup, je manquais de confiance en moi, et du coup, les pires côtés de ma personnalité étaient au rendez-vous : peur de décevoir, de la perdre, etc.
Le premier amour c'est la période où on fait des trucs plus ou moins débiles pour sembler parfait. Du genre se lever le matin avant que l'autre soit réveillé pour aller se brosser les dents et se refaire une beauté avant de se recoucher, en espérant qu'elle se dise en se réveillant "Trop canon dès le réveil. Et il a l'haleine fraiche même après avoir dormi.". Ou qu'on fait couler l'eau du robinet pour dissimuler les sons disgracieux quand on va aux toilettes, genre on se lave les mains pendant 10 minutes alors qu'en fait on fait un gros caca.
Je me levais donc tôt pour me préparer avant d'aller la réveiller, tout en feignant d'être au saut du lit. Ce matin là ses parents étaient chez elle et nous ne dormions pas dans la même chambre. Ne voulant pas réveiller toute la famille je m'étais discrètement fait un brushing et j'avais pris un chewing gum pour l'haleine.
J'étais alors allé la réveiller. Nous étions ensemble depuis peu de temps, mais j'avais la ferme impression que ce matin là serait le bon. Je me sentais cool, j'avais les hormones en ébullition, et j'espérais beaucoup de ce réveil, tactilement parlant. Car c'était ma première expérience sexuelle. J'étais donc parti la voir dans sa chambre, l'avais réveillée avec mon sourire colgate et mon haleine fraîche genre t'inquiète baby c'est naturel. Je m'étais glissé dans le lit et nous avions commencé à nous enlacer et à nous embrasser. J'avais le coeur qui battait à cent à l'heure, me sentant proche de ce que j'attendais depuis longtemps, pour le coup. Je sentais qu'elle commençait à me caresser discrètement, et je la serrais dans mes bras, le visage posé contre ses longs cheveux bruns, légèrement haletant. Je l'embrassais délicatement dans la nuque, quand tout à coup, ma vie défila devant mes yeux. Une terreur immense s'empara de moi et le sang vint me fouetter le cerveau : Je ne sentais plus mon chewing gum dans ma bouche. Après quelques secondes d'effroi, redoutant ce que je savais bien qui s'était produit, je repris mes esprits et observais ses cheveux, le souffle à moitié coupé. Oui, le chewing gum était completement pris dedans. Mais alors, complètement. Il était pas juste tombé à moitié sur le lit et attaché à un petit cheveu, il était empêtré à l'arrière de sa tête, bien profondément dans sa chevelure.
Sur le coup, plusieurs options s'offrirent à moi. La première étant de partir en courant, la deuxième de faire comme si de rien n'était, en espérant je sais pas... qu'elle pense s'etre mise un chewing gum d'elle même dans les cheveux en dormant ? C'est vrai, peut-être qu'il y avait des chewing gums partout dans sa maison prêts à se coller au moindre support ? Mais je me rendis vite compte que je n'avais pas vraiment le choix. Plus je tarderais et plus la réaction serait brutale. J'essayais fébrilement de le décoller sans qu'elle s'en rende compte mais ne faisais qu'empirer les choses. Je pris donc mon courage à deux mains et l'avertis de l'immondice dont j'étais l'auteur.

Faute avouée, à moitié pardonnée ?

Non. Mes premiers ébats sexuels ne furent pas ce jour là. Et elle dut se couper une bonne touffe de cheveux, cheveux dont elle était pourtant si fière et qu'elle aimait par dessus tout. Je crois que je perdis beaucoup de points ce jour-là, avec elle, et dans mon amour propre.


Ce ne sont là que deux instants dans une vie bien fournie en honte, mais probablement les plus marquants dans ma vie sentimentale, à leurs niveaux respectifs. La prochaine fois je vous raconterai comment j'avais été malade toute une soirée chez cette même Caroline, ou encore comment je m'étais couvert de ridicule lors d'un fameux voyage scolaire en Angleterre. Ou peut-être ne le ferai-je pas.


Comment puis-je oublier quel âge j'ai après tout ça ?

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