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Edwood
22 octobre 2008

Rater ses examens avec style

bored



A l’heure où les résultats du Bac approchent pour les plus jeunes d’entre nous tel le dernier repas pour le condamné à mort, il y a fort à parier que certains des concernés regrettent. « Regrettent quoi ? », te demandes-tu, lecteur au front empli d’acné et de bêtise ? De s’être donné à fond, pour si peu en fin de compte. Vous vous dites que vos efforts n’ont peut-être pas payé, n’ont pas été compris ou reconnus à leur juste valeur. Cette injustice, en plus de déshonorer votre travail actif de dernière minute (que je respecte, qui peut donc avoir envie de travailler pendant l’année ?), vous rabaisse, vous offense, et lecteur, je le sens grâce à mes talents surdéveloppés de Medium et de simple Génie, tu as la HAINE.

Alors ce que je te propose dans cette note, c’est de t’aider pour la prochaine fois. Oui, tu m’as bien lu. Je suis un homme bon, j’ai foi en toi. Tu auras un jour ou l’autre, si tu ne finis pas la corde au cou suite à la honte d’avoir failli à la première session du Bac, l’occasion de passer d’autres examens. On peut penser plus particulièrement aux Partiels à la Fac, à ceux des grandes Ecoles (mais tu n’iras jamais dans une grande Ecole avec ton dossier de raté du Bac), ou encore aux examens médicaux. Ces derniers ne justifiant d’ailleurs pas d’aide particulière de ma part.

Pour ce qui est de la Fac et consors.

Le jour des examens approche, puis le jour est là. Ce n’est pas ta faute si tu n’as pas révisé lecteur, je comprends ton affection pour le visionnage de films pornographiques, on ne voit parfois pas le temps passer. Te voilà donc fort dépourvu quand le temps… fut venu. Tu pénètres dans l’amphithéâtre, ne sachant même pas de quelle matière il s’agit, et là, te voici livré à toi même. Tu te sens seul. Presque un guerrier.

Certes, tu pourrais simplement signer pour être compté présent, et tendre une feuille blanche au surveillant devant tous tes camarades dès le début. Genre « je suis trop bien pour ça. ». Tu pourrais également te la jouer Péril Jeune et ramener au professeur une citation philosophique inscrite au beau milieu de la page, qui montre quel grand rebelle tu es, et qui te fera passer pour le héros de la session, couronné comme tel plus tard dans la soirée, et bénéficiant donc des services sexuels de toutes les femmes du campus / lycée en guise de récompense pour ta bravoure. (ça n’arrive jamais en vrai, tu auras juste l’air d’un loser et tu te toucheras tout seul chez toi devant un court métrage zoophile en pleurant)
Mais tu n’es pas démodé lecteur, et tu ne vis plus dans les années 60. Si tu lis ce Blog, tu cherches des idées neuves, tu cherches de quoi bouleverser le fragile équilibre dans lequel notre monde sombre peu à peu, grâce à un anti conformisme certes un peu insolent, mais tellement attachant. Tu cherches la révolution. Et tu es surtout trop lâche pour montrer à tous que tu es un loser, que tu n’as pas révisé et que tu vas avoir 0 de façon plus ou moins certaine.

Voilà donc pourquoi ma première constante sera nommée la « Dissimulation ».


CONSTANTE PREMIERE : LA DICSSIMULATION

Le point capital à retenir –G envi 2 dir- commun à tous les échecs, c’est d’arriver à garder son honneur en toutes circonstances.
En effet, lecteur, tu as de l’égo même si tu me laisses te dicter la façon dont tu dois vivre. Tu n’as pas envie, quelques années plus tard, d’être devenu dans la tête de tous le clochard des révisions, celui qui a toujours 0 et sur qui on ne peut pas compter en cas de coup dur. D’autant plus que tu risquerais de passer pour un sombre idiot, ce que tu n’es pas. Ou que tu es, c’est selon.
Tu souhaites donc échouer, mais échouer avec talent, avec style, garder la tête haute. Tu es un Eliot Ness moderne, « la défaite, c’est presque la victoire. ».

Afin d’y parvenir, laisse moi te le dire tout de suite, il te faudra de la patience. En effet, tu pensais probablement pouvoir boucler ton examen en 5 minutes et rentrer chez toi dormir ou te toucher en pleurant, eh bien non. Le style, ça se mérite. Il te faudra patienter un temps honorable là bas, le temps nécessaire pour avoir l’air, non pas normal, non pas mauvais, mais l’air intelligent. En fait, la valeur est exacte, il te faudra précisément attendre 1h39 sur les 3h, suite à quoi tu ramèneras ta copie, l’air satisfait, un léger sourire en coin affiché triomphalement sur ton visage, que les autres comprennent quel brillant jeune homme tu es, et aient peur de ta suprématie. Ce qui les stressera et leur fera eux aussi échouer leur examen, pourquoi s’en priver après tout.

Bien entendu, tu te dis que faire preuve d’une telle assurance est bien inutile si c’est pour se trimballer avec une feuille vierge recto verso, que tout le monde verra. Particulièrement au bout de 1h39, on a tendance à observer ceux qui sortent, et ça fait long le rien. Ne sois pas insolent lecteur, ne m’oblige pas à t’envoyer des décharges psychiques avec mes puissants POUVOIRS MENTAUX, je te prie, les explications arrivent.

La patience étant la règle d'or de cette première constante, son application pratique dans la dissimulation, est le meublage. Le meublage, c’est le fait de garnir la première face de la copie de texte, que ta copie ait l’apparence, le goût et l’odeur d’une vraie au premier regard, sans l’être réellement bien entendu. Un échec fait avec style se doit d’être correctement meublé, de façon crédible, et d’un trait assuré. Pour cela, plusieurs artifices viendront t’aider à gagner du temps et/ou de l’énergie.

Premièrement, surjouer la mise en page. N’hésite pas à sauter 3, ou 4 lignes entre chaque en-tête, ou titre et sous-titre de ton épreuve. N’hésite pas à écrire gros, mais pas trop non plus, il faut qu’on ait l’impression qu’il y a du corps dans ton texte. De plus pour les quelques « finitions » dont nous parlerons plus tard, il est important que ta première page ait du caractère, que la surprise n’en soit que meilleure.
Pour ce qui est du contenu, si tu t’es bien débrouillé au niveau des sauts de ligne tu ne devrais pas avoir grand chose à écrire. Des phrases passe-partout sont à connaître, on peut également faire semblant d’élaborer un plan afin d’exciter artificiellement l’intérêt du lecteur. Attention cependant à ne pas trop se fouler, l’intérêt étant tout de même d’obtenir une note comprise entre 0 et 1 (pour la présentation), pas de faire des efforts inutiles de réflexion en rapport avec le travail. Car si tu aimais ça, tu l’aurais déjà fait durant l’année.

Donc voilà. Au final, la première page devrait ressembler à cela :

note1reduc

Ce n’est bien entendu là qu’un exemple vulgaire et sale, à toi de faire preuve d’originalité et de malice dans la forme. Même si tu es à n’en pas douter quelqu’un de froid et d’opiniâtre si tu lis ce Blog, et que tu n’as pas la moindre personnalité.


CONSTANTE SECONDE : LES FINITIONS, LA SURPRISE

Une fois ta belle première page garnie des plus doux mots de ton modeste vocabulaire, et des tournures les plus aguicheuses, vient l’instant magique où tu pourras enfin laisser libre cours à ton imagination, voire à ta haine du système si tu es un rebelle.
Les possibilités sont aussi nombreuses que l’infini que peut concevoir un cerveau humain, mais je n’en citerai que trois, que j’ai tout personnellement testé et approuvé lors d’années de laisser aller à la Fac.

Avant de mentionner les exemples en question, il est capital de garder en tête que non, un examinateur ne mettra jamais une bonne note parce qu’il vous trouve sympa, que vous l’avez fait rire, ou que vous semblez plus intelligent que la moyenne avec votre copie n’ayant rien à voir avec le sujet. Que ça soit en Philo, en Littérature, en Histoire du Mocassin à travers les âges et que sais-je encore. Si certains se sont déjà vantés d’avoir obtenu une bonne note de la sorte, ils n’ont fait que colporter une légende urbaine crasseuse, les profs n’en ayant absolument rien à scouber de votre talent pour l’écriture ou de votre personnalité brillante à fleur de peau. Une fois qu’on sait tout cela, on peut donc se laisser aller bassement sans regrets, inutile de caresser les examinateur dans le sens du poil, offrons leur ce qu’ils n’auront que très rarement vu ailleurs. Profitez de l’anonymat que vous procure la correction d’un examen du niveau supérieur, et essayez de vous figurer l’expression sur le visage de votre correcteur lorsqu’il lira votre devoir avant tout.


Exemple I, L’artiste

C’est personnellement mon préféré, bien qu’un peu facile. L’œuvre consiste à, après avoir commencé un devoir apparement banal en première page, utiliser la cachette que constitue l’entrepage pour laisser libre court à votre talent en dessin. Ensuite, sur la page de derrière, reprendre votre texte comme si de rien n’était.

Cela donne quelque chose comme ça :

note2reduc

Bien entendu, ici l’artiste a choisi un Pénis. Pourquoi pas ? Vous pouvez si ça vous chante faire un dessin mignonet, vous représentant par exemple en train d’offrir des fleurs à votre professeur sous un soleil souriant de façon complice, ou encore opter pour une reproduction d’un tableau de Michel-Ange. Rien n’est imposé, cela dépend de votre niveau. Il faut simplement que l’examinateur soit surpris en ouvrant la page pour lire la suite de votre dissertation.


Exemple II, le Hors Sujet

Le sujet de base, traitant d’une sombre époque médiévale et de Guerres entre deux factions dont tout le monde se fout de nos jours, ne vous a guère passionné ? Revisitez donc la question à votre sauce, et n’hésitez donc pas à traiter d’un tout autre domaine. Pour ma part, je me souviens avoir écrit une flamboyante dissertation sur les escaliers de la Salle où je passais l’examen, lors d’une épreuve de Lettres Modernes. Bien entendu, comme tous les grands génie, je n’ai pas été compris de mon époque, mais gageons que la copie continue de circuler de professeur en professeur, telle une légende dans le monde examinatoire.

A noter que pour cet exemple, vous pouvez amorcer le thème que vous aurez choisi dès la première page, en général le correcteur se contentera de voir qu’il y a du texte, et n’aura pas commencé à lire avant que vous ayiez quitté la salle. Ou alors c’est un grossier personnage et il aurait mérité un Pénis en entrepage.


Exemple III, la pire copie de tous les temps

Le titre me semble assez évocateur. Vous avez déjà entendu des Profs rire entre eux d’une copie excessivement mauvaise au Lycée ? Voire même la lire en classe pour humilier le pauvre bougre l’ayant créée ? Donnez leur ce qu’ils attendent depuis toujours : une copie si énormément mauvaise qu’ils l’encadreront dans leur petite salle à eux, et devant laquelle ils ne pourront s’empêcher de verser une larme ou quelques goûtes de sperme tous les matins au long de leur funeste vie. Donnez le maximum de vous même, après tout vous êtes censé ne rien y connaître, restez dans le crédible, mais accumulez les erreurs les plus honteuses, les plus affligeantes qui soient. C’est le genre de copie qu’on prend plaisir à aller réclamer afin d’en lire les corrections, et l’énervement de l’examinateur grandissant, pour peu que vous maitrisiez un tant soit peu le crescendo.


Avec tous ces conseils, vous voilà parés pour voler de vos propres ailes vers un tout nouveau monde d’échecs, qui loin de vous permettre d’aller misérablement vous recoucher chez vous comme un loser que vous êtes, vous offrira un grand moment de jouissance, et des anecdotes à raconter à vos petits enfants losers, ou à encadrer chez vous afin de, ou de.

Ne me remercie pas, lecteur, remercie le champ gravitationnel de la Lune.

 

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Commentaires
H
J'vais faire lire ça à ma mère!<br /> <br /> (elle est prof... précision, sinon cette phrase serait hors contexte)
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D
Je viens de récupérer le net aujourd'hui.
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C
Tu prends le temps de mettre des commentaires sur mon blog mais pas de répondre à tes mails. INGRAT. SALAUD
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C
Oui c'était le but aussi. Mais je pense quand même qu'elle est à fond.
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D
Bernadette, mes chaussettes sont noires, il s'agissait bien d'une fusée en forme de pénis, et j'ai effectivement cru à un long commentaire, avant de m'apercevoir de ce qu'il en était réellement. N'est-ce pas là la plus grande fierté d'un professeur, de voir ses élèves assimiler son enseignement ? Je suis certain qui si ce blog avait permis le dessin dans ses commentaires, j'aurais trouvé une belle fusée sur le 2ème.<br /> <br /> Tania, quelle brillante idée, je vais aller de ce pas postuler comme Bibliothécaire. (Au fait, ton blog, a-t'il été englouti dans un Vortex ?)<br /> <br /> Ouah, ce genre de commentaires me rappelle u-blog avec émotion.
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